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Un Canard plein d'envie !
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21 novembre 2008

DE L'USAGE D'UN MEDIA AU GRAND AGE

Cartier_Bresson« Quel contenu pour les journaux papier, demain ? ». Cet axe de réflexion des Etats Généraux de la Presse intéresse immédiatement les journalistes.
Au siècle dernier, à l’apogée des mass média, les réponses à cette question étaient évidentes. Mais le paysage médiatique est aujourd’hui si chargé que les vielles évidences sont bousculées.
Mais avant de se précipiter pour réfléchir sur la question « que veut lire un lecteur dans son journal ? » il semble judicieux de répondre à une interrogation préalable :

« Pourquoi lire un journal papier ? »
C’est en effet, en cernant les spécificités d’usage de ce si vieux média et en en identifiant les forces et les faiblesses, que la réflexion sur son contenu évitera les écueils pseudo- idéologiques pour plus de pragmatisme.  L’objectif de cette rubrique n’étant pas de publier ensuite un essai sur la presse, mais bien d’inventorier des méthodes concrètes et applicables de développement du journal.


La mobilité
Un journal papier peut s’emmené partout, même dans le lieu de solitude le plus intime. Le journal papier se glisse dans un sac, se plie sous le bras, se transporte sans problème.
Le journal papier s’échange, se prête, se donne tant la valeur marchande du produit reste peu élevée. Ainsi, le journal papier se découpe, se déchire, supporte les ronds de verre comme le café renversé.
Le journal papier craque, bruisse entre les doigts et est embrassé des deux mains par le lecteur. Il plonge physiquement le lecteur dans l’actualité. Il se rapproche ou se recul en fonction de la vue de chacun et ne connaît aucun bug ni aucune coupure de réseau.

Mais le journal papier pour ce qui est de la mobilité voit la concurrence du numérique se rapprocher avec l'arrivée des supermobiles (iPhone), des mini-pc comme des e-paper ce qui réduira considérablement son avantage physique. Mais il ne semble pas que ce soit pour demain. Non pas pour des raisons techniques mais vraiment pour des persistances d’usage et une résistance (réticence) évidente d’une partie importante de la population à ces nouvelles technologies.
Le prix de ces technologies reste d’ailleurs bien trop élevé pour la majorité des gens.
Cependant, la plus jeune génération n’aura pas ces réticences et moins de nostalgie envers le papier. On peut donc évaluer le basculement (complet ou partiel) du média mobil papier vers le média mobil électronique dans 10 à 15 ans de façon probablement progressive.
Via son site internet, et l’implication de l’ensemble de ses journalistes à son fonctionnement, le journal peut préparer progressivement ce basculement. Il semble cependant nécessaire d’être novateur ou au moins « au goût du jour » (info temps réel, rich-media, journalisme de liens, participatif...) pour dès aujourd’hui se créer sa place dans les e-média.

La hiérarchisation
Une force paradoxale du journal papier réside dans sa capacité à hiérarchiser l’info. Paradoxale car à l’époque du zapping TV et radio ou du surf internet, le caractère « fermé » d’un journal papier est généralement pointé comme une faiblesse. Or, le média papier permet une hiérarchisation claire de l'info et une navigation finalement assez pratique et attrayante. Avec un lecteur qui n’est pas tenté à chaque ligne de glisser vers une nouvelle information jusqu’à parfois la noyade médiatique. Le journal papier, c’est l'hypersélection, l'hyper-hiérarchisation dans un univers de chaos éditorial et de flux.
Cependant cela demande à ce que le journal soit irréprochable de clarté dans sa lisibilité donc dans la mise en scène de l'info.
Avec sa nouvelle formule, si elle est respectée, la Marseillaise offre une lisibilité bien accueillie par le lecteur. Cependant, le rubriquage donc les têtières et sous-têtières reste pour nous un point faible majeur et très handicapant pour espérer l’appropriation du journal par les lecteurs. Ni thématiques, ni vraiment géographiques (sauf pour les pages d’agences) le rubriquage chaotique traduit un manque de constance de nos rédactions (probablement par désorganisation doublée de moyens humains limités). Un chantier important donc.
De « l’usage » découle « le contenue ». L’usage demande « hiérarchisation claire » qui nécessite un « contenue régulier ».


Dernier point lié à l’usage d’un journal papier : l’habitude.
Pour beaucoup, l’achat d’un journal puis son survol, enfin sa lecture, restent un cérémonial, une habitude quotidienne. Tel journal, acheté à tel kiosque, lu à tel café, d’abord tel page, puis tel autre (d’où la nécessité d’un rubriquage rigoureux)… Une succession de rites rassurant qui sont bien difficiles à faire changer.
Chercher de nouveaux lecteurs consiste donc à changer leurs habitudes pour leurs en imposées de nouvelles organisés autour de votre journal. Appâter, harponner, fidéliser.
La Marseillaise aujourd’hui n’y est pas du tout. Pas plus en moyen humain qu’en méthode ou qu’en orientation.
Certains caractères du journal pourrait pourtant devenir des leviers important dans cette quête vitale : d’abord le mondial à pétanque la Marseillaise qui n’est absolument pas exploité pour la promotion puis la vente (à long terme) du journal, puis la spécificité éditorial historique du journal, un canard d’opinion de gauche, dont le positionnement actuel apparaît comme inintelligible par beaucoup de lecteurs qui ne restent donc que potentiel.
Voilà donc un constat sur l’usage du journal papier qui influe sur son contenue et même sa ligne éditoriale.

Vous êtes invité à réagir, compléter, contester et débattre sur le sujet, proposer des angles de réflexions pour alimenter la rubrique ou carrément un post complet sur un thème bien précis. Et ceci, dans les commentaires ci-dessous. (Pour un post complet, précisez-le dans le titre du commentaire).

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Commentaires
N
JosephS,<br /> Je t'invite à relire la rubrique "ils ont dit" de notre édition spéciale. Pour rappel, voila ce que dit, en substance, le président du CE Henri Cabel (qui siège également au SPQR), lorsque le SNJ-CGT lui propose de signer un accord sur les droits d'auteur : une loi (sarkozienne) est en préparation au niveau national, on verra ça après. Dans le procès verbal rédigé par le secrétariat de la direction et validé par le CE, ça donne précisément ça : "Concernant les droits d'auteurs, des discussions sont en cours au niveau national. L'entreprise ne peut actuellement débattre de ce problème". Ce qui est absolument faux, puisque la loi actuelle s'applique tant qu'elle existe. Allons un peu plus loin dans l'analyse (ce que tu appelles l'interprétation): quand un projet de loi sur les droits d'auteurs arrange la direction financière de l'entreprise, on se range derrière lui pour économiser 40 000 euros. Et quand une loi ne l'arrange pas, comme celle de l'application des conventions collectives, on s'en défausse, en disant qu'on n'a pas les moyens de faire autrement. Les faits sont là. Ce qui me pousse à penser que la direction applaudirait malheureusement des deux mains si l'application des conventions collectives venait à être rayée du code du travail.
J
"Un démentèlement que la direction de la Marseillaise cautionne pas ses actes et appelle de ses voeux pour ne plus avoir d'ennuis, à l'instar de l'ensemble des éditeurs de presse. Ne laissons pas faire cette entreprise de nettoyage !"<br /> <br /> Ça, mon cher Nicolas, ça s'appelle une interprétation. Serait-ce de l'amertume à l'issue d'une AG qui pousse à ouvrir un peu plus la réflexion? et à ce que chacun cesse de camper sur ses positions?<br /> Passons sur la position du syndicat à propos des états généraux, que je peux partager (d'ailleurs ou est passé mon commentaire "sexy" qui y faisait allusion?)et qui met en évidence la volonté des grands patrons de presse. On savait déjà ce qui allait en sortir, non? Quand à notre direction, si elle peine à aller vers un dialogue acceptable, je ne crois pas moi, qu'elle soit, comme tu dis, complice de ce qui se trame contre les droits des journalistes. Ça mérite une autre forme d'argument ce me semble.
J
"Ce que je veux dire c'est que cette idée n'est pas incompatible avec une information actualisée toutes les heures, une grande ouverture sur l'international, une mise en valeur de l'info, des blogs, s'ouvrir aux reportages vidéo, audio, développer une régie publicitaire béton, comme le font d'autres titres. Je dirais même plus : que chaque agence aie sa page, sa voix, participe à la vie du site. Pas question de faire du rewriting ou du travail puant à la LePost.fr, ni de manger son père, mais se rendre un peu plus sexy."<br /> <br /> Donc, il faut être partout à la fois, savoir tout faire, le faire vite... étant donné que nos concurrents avec d'autres moyens (vous n'imaginez pas à quel point!) font ça en faisant encore plus suer le burnous des journalistes, en exploitant encore plus les correspondants, je ne sais pas si on se rend bien compte ici d'ou on parle...<br /> Personnellement je refuse de "m'ouvrir aux reportages vidéo", si j'avais voulu faire ça, j'aurai fait télé...<br /> et quant à se rendre plus "sexy", je rappelle que le racolage et la prostitution sont des activités illégales (bien que tolérées), et que les salariés d'un journal, ou un journal ne sont pas là pour faire dans la putasserie.<br /> Le problème, est plus de faire partager l'idée d'une qualité (valeur ajoutée) de ce journal que n'auraient pas les autres. C'est plus du ressort d'un pool de promotion que d'une "régie publicitaire béton". Au finale, mais c'est peut être par méconnaissance, je vois dans les propositions faites beaucoup d'écueils, à l'indépendance justement de notre titre, et ça, ça ne devrait pas être négociable.<br /> <br /> "le monde gagne plus d'argent, et blabla bla..." mais le monde, qui avait parié en 2004 sur une entrée en bourse, a surtout intérêt à "faire de l'argent" plutôt que de faire un bon journal. Il a des actionnaires à rétribuer, il a licencié du personnel, et liquidé pas mal de filiales avec ses employés. Et puis il s'agit bel et bien d'un monstre économique avec une puissance financière incomparable à la notre en tout cas...<br /> Que la qualité du contenu de la Marseillaise laisse un peu trop souvent à désirer, reflète plus à mon avis une situation critique qu'autre chose. ce ci dit, le contenu que vous décrivez ressemble pas mal à ce que font les concurrents...<br /> <br /> "à mon âge il ne me viendrait jamais à l'idée de payer un centime d'euros pour lire La Marseillaise."<br /> Mais pour d'autres journaux, si? Alors, il y a bien un problème. même si les recettes pub représentent une part plus importante des rentrées d'argent de la presse écrite, ce "modèle économique" montre ses limites, et notamment en terme d'indépendance éditoriale. de la même manière que l'on est prêt à payer un peu plus un paquet de café équitable, on devrait mettre la main à la poche dés lors que l'on souhaite que continue à exister des titres de presse indépendants des puissances financières. je ne décris pas ici une Marseillaise idéale, qui a encore beaucoup de chemins à faire (de lecteurs à gagner) pour en arriver là. Mais La marseillaise qui se rangerait à ces arguments "macroéconomiques", sans mener de front une réflexion plus fondamentale, ne serait dés lors qu'une merde que n'auraient plus qu'à balayer ses concurrents, et à vrai dire à ce moment là je ne soutiendrais même plus l'existence d'un tel titre qui y perdrait tout intérêt.<br /> C'est trop facile de se poser des questions en terme de "modernité" technologique et économique, et faire fi des conditions, d'un contexte et des impératifs que suppose l'existence d'un titre indépendant.<br /> Posons nous ces questions plus largement avec le SNJ CGT qui vient de quitter les états généraux, pour des raisons qui concernent notamment les "modèles économiques" de la presse; ou avec le SNJ, qui reste mais met en lumière la réelle intention des patrons de presse qui ont la mainmise sur ces états généraux, avec la complicité de leurs serviteurs de l'etat UMP.<br /> Il ne peut en aucun cas être question de nous abstenir de questions qui deviennent rapidement politique, pour en rester à la surface des choses. Il en va presque de la survie de l'idée d'une presse indépendante.
N
Pour alimenter le débat sur les Etats-généraux sarkoziens, voici les deux derniers communiqués nationaux du SNJ-CGT qui s'élève notamment contre le démentèlement en cours des droits des journalistes. Un démentèlement que la direction de la Marseillaise cautionne pas ses actes et appelle de ses voeux pour ne plus avoir d'ennuis, à l'instar de l'ensemble des éditeurs de presse. Ne laissons pas faire cette entreprise de nettoyage ! <br /> <br /> <br /> Des journalistes libres dans une presse pluraliste<br /> <br /> <br /> « Si vous voulez une presse de qualité, payez mieux vos journalistes », les bonnes paroles du président Sarkozy, lors de son discours d’ouverture des Etats généraux de la presse écrite n’ont guère été entendues par les éditeurs de presse. <br /> Lors de leurs Etats généraux - sans tiers états -, il n’est question que de bas salaires, de démantèlement du statut du journaliste, de « risque, précarité et incertitude », ou de coûts à réduire, mais certainement pas de qualité, de bonnes conditions de la recherche et de la vérification de l’information.<br /> Cruelle ironie de l’actualité, au moment même où le pouvoir et les patrons de presse font mine de se pencher sur les problèmes de la presse écrite, un journaliste de Libération est arrêté tel un dangereux malfrat pour une banale affaire de diffamation !!Voudrait-on intimider une profession , la rendre plus docile ? <br /> Serait-on revenu au célèbre «du sang, du travail, des larmes et de la sueur », de feu Winston Churchill ? Mais, cette fois-ci, dans l’intention de faire disparaître une profession trop soucieuse de qualité, de liberté, de déontologie et de principes professionnels.<br /> Voila pourquoi le SNJ-CGT a quitté ces Etats généraux, le 27 novembre dernier, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre son inlassable combat pour garantir la liberté des journalistes dans une presse pluraliste et pour conquérir un véritable droit. à l’information.<br /> Voilà pourquoi le SNJ-CGT entend se battre pour préserver la profession de journaliste en faisant respecter :<br /> <br /> - les droits d’auteur du journaliste salarié,<br /> - son statut professionnel (convention nationale, clauses de cession et de conscience, commission arbitrale, etc.) et les droits nécessaires à son indépendance<br /> - une formation de qualité tout au long de la vie<br /> - les droits des pigistes, mis à mal par la signature d’un « accord d’étape » par trois syndicats minoritaires et la plupart des patrons de presse.<br /> <br /> La coupe est pleine. Assez de mascarades. <br /> Journalistes debout pour une information de qualité<br /> <br /> <br /> Montreuil, le 1er décembre 2008<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> LE SNJ-CGT QUITTE LES ETATS GENERAUX<br /> DE LA PRESSE ECRITE<br /> <br /> «Le SNJ-CGT a dès le lancement des Etats généraux sarkozyens dénoncé la parodie de concertation mise en place par l’Elysée et les menaces que cette stratégie fait peser sur le droit à l'information et l’intégrité morale et professionnelle des journalistes.<br /> <br /> Les commissions commencent à rendre leurs travaux .Force est de constater que toutes nos craintes étaient fondées. <br /> <br /> Ces Etats généraux n'ont qu'un seul but : organiser le marché et la rentabilité d'un nouveau modèle économique au seul profit des actionnaires des grands groupes nationaux et multinationaux, notamment, face aux progrès du Web et d’Internet. <br /> <br /> Peu importe que cela se traduise par une profonde dégradation des conditions de travail des journalistes et du droit à l’information pluraliste. Phagocytés par des représentants patronaux omniprésents qui imposent leur vision marchande de l'information, simple produit marketing qu'il faut formater et mettre en scène à moindre coût, ces pseudo Etats généraux de la presse écrite musèlent, en fait, la parole des citoyens et des syndicalistes à qui quelques strapontins ont été octroyés. <br /> <br /> Il n'est question que de "verrous" à faire sauter pour rentabiliser au maximum le secteur.<br /> <br /> Ainsi les lois anti-concentrations, les droits d'auteur, les statuts des personnels, l'organisation d'une distribution solidaire, pourtant piliers de notre démocratie, ne seraient que des obstacles face aux mutations et au développement de leur «industrie», comprenez leurs «profits.». Le contenu, la qualité des journaux, la circulation des idées, le droit démocratique à l’information et au pluralisme, l'indépendance des rédactions, ne font pas partie des débats ni, malheureusement, des préoccupations des pouvoirs publics. Loin de l'esprit des ordonnances de 1944, l'Etat régulateur n'a plus qu'un objectif : faciliter les concentrations et garantir la meilleure profitabilité aux actionnaires des grands groupes, dont la plupart sont dirigés par les amis du Président ! Dans ces conditions, constatant que tout est écrit d'avance, le SNJ-CGT se refuse à cautionner par sa présence ce simulacre de débat et de concertation<br /> <br /> En conséquence, le SNJ-CGT quitte les Etats généraux et appelle à nouveau la profession et au-delà les citoyens soucieux d'une information pluraliste à se rassembler pour que vive un droit véritable l’information».<br /> <br /> Montreuil, le 27 novembre 2008
C
Je n'ai pas tout compris du post de josephS… ;-)<br /> mais j'ai le sentiment que nous sommes d'accord :<br /> papier et internet sont des outils différents et complémentaires.<br /> Ce que le lecteur "au sud à gauche" attend c'est une analyse de la vie politique économique sociale culturelle du sud à partir de l'observation de ce qui se passe sur le terrain.
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