MAILLE ET AMORA AU POUVOIR
Pour protéger leurs frileuses épaules du froid le plus ardent du cœur de l’hiver marseillais, nos « responsables » portent curieusement, presque tous, des vestes de couleur moutarde. Pourquoi ? Par mauvais gout probablement, toujours est-il que nous appelons désormais la ludique caste de nos chefs, les Moutardes ; Pauvres condiments jaunâtres dont la variété accompagne à merveille la diversité des caractères de nos hiérarques adorés.
Les Moutardes fortes d’abord. Le doigt autoritaire pointé sous le nez du subordonné rieur, certains n’hésitent pas à jouer les gros bras, coller front contre front, avec des « cassez-vous » ou des promesses de coups de bâton. D’un froncement de sourcil épais leur pouvoir se veut sans partage ni contrôle. A grandes objurgations surjouées (c’est un métier) ils ne cachent pas plus leurs absences de légitimité que d’idéologie élaborée. La loi, c’est eux. L’autoritarisme concis des Moutardes fortes ne pique finalement pas grand monde. Les pots sont bientôt vides.
Plus subtil, les Moutardes fines ambitionnent à tromper avec une adresse perfide voir odieuse. Sourires faux détectés à trois kilomètres, poignée de main, tentatives de participations aux plaisanteries en cours, voir même, accolades chaleureuses, tout l’attirail grossier de la séduction en milieu professionnel est déballé dans le seul but d’amadouer pour mieux régner. Un fiasco, là aussi. Les dates de péremption de ces moutardes sont si proches de leurs mises en rayon !
Viennent les plus respectables Moutardes à l’ancienne. De ceux qui pensent que leur seule présence magnifiera la fadeur d’une discussion, de ceux qui voudraient qu’on leur tienne la porte ou qu’on les admire pour ce qu’ils n’ont souvent pas fait. Mais des Moutardes à l’ancienne qui sont finalement les seules à rehausser un peu ce journal.
Nos chefs les Moutardes donc. On pourrait en faire des tartines mais ce petit toast suffira. Des Moutardes, ce blog en atteste, qui nous sont montés définitivement au nez.