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Un Canard plein d'envie !
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11 novembre 2008

MILLE MILLIONS DE MILLE MILLIARDS DE MILLE SABORDS

744px_Pirate_Flag_of_Rack_RackhamLes journalistes en lutte ne seraient que des pirates sans foi ni loi qui saborderaient par simple plaisir sadique le journal qui les nourrit. C´est la Direction qui le répète.

Lors d´un récent reportage dans une manif, j´ai tapé la discute à propos de notre combat à la Marseillaise avec un bon nombre de syndicalistes remontés.
J´en parlais aux collègues du journal qui m´encourageaient à écrire pour le blog. Je ne donnais cependant pas suite. Mais certains commentaires et autres bruits de couloirs m´ont fait changer d´avis.
« La bonne vieille technique qui consiste à accuser les employés en lutte de saborder leur entreprise, donc leur gagne pain, est vieille comme le patronna » me criait un vieux Cgtiste endurci. Une méthode de manipulation qui utilise tout le registre émotionnel.
Un type de SUD m´expliquait : « D´abord, ils veulent faire culpabiliser ceux qui luttent. Et la honte si elle les touche, les rongent et les affaiblie. Ensuite, ils injectent la peur chez les hésitants. Le fameux "on va disparaître à cause de vous". Certains ne vont ainsi pas participer à la lutte, d´autres vont carrément s´activer pour la faire cesser. La Direction veut alors briser la grève et ne montre pas de dispositions à la négociation ».
Et c´est un manifestant de FO qui va expliquer les limites de cette techniques : « Les employés sont loin d´être aussi cons que ne l´espèrent les patrons. Ils se rendent souvent vite compte que si l´on arrive à une situation de lutte, c´est toujours parce que la Direction ne veut rien entendre. C´est le rapport de force ».
Et entre les journalistes en lutte et la Direction de la Marseillaise, le rapport de force bas son plein. Après trois ans de tentatives de discussion toujours repoussés par les monologues des patrons, nous avons décidé dans une assemblée générale du SNJ-CGT de partir au combat. Avec un blog.
Et c´est cette autre question qui me tarabustait : avons-nous eu raison de laver notre linge sale en public ? Déjà, le blog arrive après trois ans de lutte. Trois ans que la Direction se fout de notre gueule dans un mépris de plus en plus insoutenable. « Et puis, ajoute le Cgtiste, pour se faire entendre il faut savoir faire du bruit. Nous, on est des ouvriers, un blog ne gênerait pas nos patrons. Alors on occupe les locaux pour que la production s´arrête, on fait appel à vous, la presse, pour pouvoir dénoncer les attitudes de la Direction, on fait des manifs, on distribue des tracts… Tout pour maintenir une pression sur nos patrons. »
Et bien, les journalistes en lutte de la Marseillaise ont choisi d´en faire autant, mais sur le web. La pétition, c´est la manif, les messages du blog, ce sont les tracts (et un peu plus), le blog, c´est notre médiatisation. « Vous à la Marseillaise, je trouve que vous êtes trop gentil » ajoute le Cgtiste à propos de notre action. Il est vrai que nous ne bloquons jamais la production du journal.
Après trois ans en interne, le combat social c´est extériorisé. La Direction a allumé le feu, et l´entretient par son mépris et son refus de négocier. Mais elle reste la seule capable de l´éteindre en acceptant de se remettre totalement en cause. Et de négocier.

M.B.

NB : La négociation est la recherche d'un accord, centrée sur des intérêts matériels ou des enjeux quantifiables entre deux ou plusieurs interlocuteurs (on ne négocie pas avec soi-même, on délibère), dans un temps limité. Cette recherche d'accord implique la confrontation d'intérêts incompatibles sur divers points (de négociation) que chaque interlocuteur va tenter de rendre compatibles par un jeu de concessions mutuelles.

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Commentaires
B
Soutien fraternel et syndical. Merci à tous.<br /> Faut-il comprendre que ce journal d'exception va devoir succomber de sa belle mort ?<br /> Oui, c'est vrai : il est imparfait notre "canard plein d'envies" ; oui, il réclame mieux ; alors, pourquoi ne pas prendre le problème à bras le corps ; Faire en sorte de le rendre jouissif pour chaque rédacteur et ainsi, le faire aimer de nos lecteurs. C'est trop demander ?<br /> Toujours un message d'ouverture. En direction de tous les rédacteurs et de la direction. <br /> Naïve ? A chacun de prendre ses responsabilités...
L
Allez, on y croit... Mais franchement des fois, non souvent, je doute. Surtout quand j'entends à longueur de temps que ce n'est pas la bonne méthode. Une grève? "Oui mais..." Les prud'hommes? "Oui mais..." Des négociations? "Oui mais..."<br /> C'est notre côté schizo. On veut bien aller au charbon mais on a peur du feu. Du coup, on attend. <br /> Et pourtant on la constate tous les jours la réalité. Certes, notre métier et notre canard nous les aimons. Sinon pourquoi resterait-on? Pour manger...? Non, je crois qu'on en attend plus. <br /> Mais la réalité est bien là. Les quatre pages de récits (en PDF) éditées sur ce site en sont témoins. Elles sont, à mon sens, même en dessous du quotidien vécu par certains collègues.
J
Tous les membres du bureau de l'Union Locale CGT Perpignan Sud se joignent à moi pour vous apporter un soutien fraternel et syndical dans votre lutte. Ne vous laissez pas dépasser par les menaces de vos patrons, soutenez vos camarades, faites valoir vos droits, ne vous découragez pas, Luttez !<br /> Salutations syndicales.
Un Canard plein d'envie !
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