PETER ET DILBERT AU POUVOIR
Certes, la Marseillaise n’a pas le monopole de l’incompétence hiérarchique. Ce qui diffère ici, touche au savant système de sélection et de maintient du salarié le plus incapable, à une place de cadre. Dans la plupart des entreprises, les cadres sont incompétents parce qu’ils se sont élevés à leur « niveau d'incompétence », comme l’a modélisé Laurence J. Peter : une personne qui fait correctement son travail est promue, et ce jusqu'à ce que sa fonction dépasse ses aptitudes. Vient le plafonnement définitif, les responsabilités en toute incompétence. Le principe de Peter dans l’organisation de la Marseillaise en est devenu l’ADN organisationnel au point de se muter en principe de Dilbert. « Les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : l'encadrement. ». Nos dirigeants sont donc ceux qui se sont montrés les plus nuls aux postes subordonnés. Nos « responsables » ne comprennent rien à toutes les technologies contemporaines et manquent incroyablement de bon sens dans les situations les plus importantes. Par contre les employés les plus compétents ne sont en aucun cas promus, car irremplaçables à leurs postes actuels.
Si les egos de chacun de nos chefs camouflent à leur discernement le niveau réel auquel ils rampent, une faible petite lumière rouge clignote dans les profondeurs de leurs inconscients mornes. « La hiérarchie doit se maintenir ». Le corps des hiérarques fait alors masse, statique dans sa médiocrité.
Un disfonctionnement du système, - la présence d’un compétent qui risquerait de compromettre son ordre mou -, enclenche aussitôt un mécanisme de protection. Le compétent esseulé choisit de s’isoler, le compétent teigneux se heurte à l’inertie jusqu’à en perdre sa motivation.
Réunions complaisantes, palabres laborieux et concepts éculés remplissent les journées de nos chefs et nos plus grandes rigolades. En tout cas jusqu’au jour où l’on reçoit notre paye.